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Huascaran(6768m)

Après avoir fait le trek de Huayhuash, j’avais trop de mal à trouver des partenaires pour d’autres sommets. Au final, une personne était intéressée pour faire le sommet Huascaran sud (6768m) par la voie Escudo. Nous nous sommes donné rendez-vous au camp de l’escudo. Il s’agissait de deux personnes qui pouvaient me prendre dans leur cordée. Moi aussi j’ai emmené une personne pour m’assurer sur le glacier avant le camp escudo. C’était une personne sans aucune expérience en alpinisme, mais ça me gênait pas trop car il pouvait effectuer les principales manipulations de secours en cas de nécessité. Au final, quand j’ai rencontré les deux personnes concernées, c’était par hasard et beaucoup plus tôt (sur le camp de moraine) et après discussion, il s’est avéré qu’ils n’étaient pas acclimatés pour ce sommet, donc je n’ai pas eu d’autre solution que faire le sommet par la voie normale avec la personne qui m’accompagnait. Alors avec lui, on est arrivés au premier camp de glacier où on a rencontré un groupe de 4 espagnols qui voulaient redescendre du sommet en parapente. La montée au camp de la Garganta était assez dur de par les conditions climatiques. Dès le matin, le vent soufflait très fort et soulevait la neige qui frappait nos visages avec violence. Déjà le passage entre le premier camp de glacier et la Garganta est assez dangereux car tout au long de la montée on passe en dessous de séracs menaçants. Le passage nécessite également le passage de 3 crevasses qui étaient assez bien ouvertes et, par conséquent, dures à franchir. Toute cette ambiance était empirée par le vent et le froid.

Quand nous sommes arrivés à la Garganta, il y avait encore un groupe de 2 personnes accompagnés d’un guide et deux porteurs qui ont renoncé à l’ascension à cause de ces conditions. Selon le guide, une telle météo pouvait durer plusieurs jours. Nous voulions le tenter quand même mais l’ambiance était vraiment hostile. Nous avons réussi à monter la tente avec peine, en la fixant avec des broches à glace et des pieux à neige car elle ne tenait pas avec ses piquets ni avec les piolets. Avec ce vent, nous ne pouvions pas déchausser les crampons même dans le camp car du simple fait de sortir à un mètre de la tente, le vent pouvait nous précipiter en bas jusqu'à la moraine. Même en ayant déplié la couverture de survie dans la tente, avec le matelas gonflable et le sac de couchage conçu pour –30°C, je ne pouvais pas me réchauffer, ce qui a fait que j’ai commencé à me sentir malade, avoir fortement mal à la gorge et de la fièvre. Le vent faisait claquer la toile de la tente en faisant un bruit effrayant. Le vent et le froid nous empêchaient d’utiliser le réchaud, nous privant ainsi d’eau et de nourriture. Heureusement nous avions des nouilles chinoises et quelques fruits secs réservés à la course. L’eau gardée depuis le matin était congelée. Pour ne rien arranger, la tente était conçue pour les courses de ski de randonnée. Elle a bien supporté toutes les courses hivernales mais le vent de 150km/h provoquait des infiltrations de neige.

Par conséquent, toute la nuit, il était impossible de s’endormir et vous vous imaginez bien notre état pour la course le lendemain, d’autant que nous gardions une bouteille remplie de neige dans le sac de couchage pour avoir un peu d’eau le matin. Le réchaud ne fonctionnait toujours pas alors nous sommes partis pour la course après la nuit blanche avec quelques fruits secs et moins d’un demi-litre d’eau chacun, et, dans mon cas, environ 39°C de fièvre. Tous ces paramètres ont fait que nos conditions n’étaient pas au top, autrement dit, chaque pas était dur mais nous avons atteint le sommet. Au début nous avions l’impression que les champs de neige menant jusqu’au sommet ne se termineraient jamais. Même la descente a été longue. En descendant jusqu’à Musho, on était super contents de passer par le refuge de Huascaràn pour acheter une grande bouteille de soda et de galettes (soda aussi). La récupération a été longue mais elle était la bienvenue.